Échanges entre futur.es et ancien.nes envoyé.es (5/5)

Pour le dernier numéro de cette série, ce sont Nicola et Alain Kontzi-Méresse qui prennent la parole. Ils sont parti.es le 7 septembre afin que Nicola prenne son poste de pasteure en Egypte. Bien que lors de la journée DM il n’y avait pas d’ancien.nes envoyé.es d’Egypte, grâce au réseau DM, ils en ont tout de même rencontrés. Ils nous partagent ici des extraits de deux témoignages d’ancien.nes envoyé.es.

Témoignage 1

Le premier témoignage est celui d’ancienne envoyée, en Egypte, auprès d’un foyer d’accueil pour des jeunes filles âgées de 3 à 18 ans de 2014 à 2016.

Elle avait commencé son master en théologie avant de partir comme envoyée et l’a terminé à son retour. En parallèle, elle a aussi fait un diplôme universitaire en médiation socio-religieuse. Avant cet envoi, elle avait eu l’occasion de rencontrer la société égyptienne lors d’un camp de jeunes, en Egypte, venant d’Alsace et du Caire.

Un élément de sa motivation à partir a été le besoin de faire une pause dans ses études, de se mettre au service de l’autre et de découvrir une autre culture. Le retour, même préparé autant que le départ, n’a pas été si évident que cela. La session retour a été très utile pour verbaliser ses sentiments. Elle a eu de la chance d’avoir eu un entourage très à l’écoute de son expérience. Sa famille est venue la voir en Egypte et cela lui a permis d’avoir des repères communs pour en parler. Elle a gardé le contact avec ses co-volontaires et les jeunes filles du foyer grâce à internet. La difficulté a été de se retrouver de nouveau dans la position de celle qui reçoit et non plus de celle qui est au service.

Une douce nostalgie de l’expérience d’envoyée

Le regard qu’elle porte maintenant sur l’Egypte, sur son expérience et ce qu’elle a pu vivre pendant ces deux ans, est une douce nostalgie avec une sensibilité quant aux questions de la colonisation, la décolonisation, la rencontre des peuples, le racisme, le complexe noir-blanc et celui du sauveur blanc. Cette période égyptienne a été une expérience formidable et elle espère que cela a été de même pour les filles de l’institut qu’elle a accompagnées pendant ces deux ans de service civique mais de cela, elles seules peuvent le dire. Elle se réjouit de la possibilité actuelle de recevoir en France des volontaires venant de l’étranger dans le cadre de la réciprocité et permettre à ces jeunes de découvrir d’autres pays. Réciprocité qui change notre regard sur le rôle du volontaire et sur ce qu’il peut apporter à la structure qui l’accueille. Ces deux années passées en Egypte lui ont ouvert un horizon sur l’immensité du monde, sur les relations, sur les différentes manières de penser le rapport à l’autre.

Témoignage 2 – Michael Schlick

Le second témoignage est celui du pasteur Michael Schlick, envoyé en Egypte de 2016 à 2022. Nous l’avons rencontré le 25 août dernier. Il a accompagné les paroisses francophones du Caire et d’Alexandrie, qui sont aujourd’hui composées à majorité de membres d’origine subsaharienne. Michael a également accompagné les volontaires des projets éducatifs de l’Action chrétienne en Orient (ACO) et DM, coopéré avec les Églises protestantes égyptiennes, accompagné des projets diaconaux et théologiques, et bien plus encore… Mais laissons lui la parole…

La puissance des rencontres et de l’expérience

« J’aurais tant de choses à partager. Ce qui m’a le plus marqué a été la vivacité des rencontres : le fait de rester vraiment dans l’histoire de l’autre a révélé une profondeur dans ces rencontres qui m’a touché au fond de mon être, qui m’a bouleversé et qui m’a rendu très humble. Je me sentais proche dans l’essentiel, dans la mort et la vie ; on a à choisir ce qui nous est donné. On partage, au fond, malgré toutes différences, la même existence devant Dieu. Les moments vécus ensemble font sens : accueillir l’histoire de l’autre et être accueilli – mais aussi il reste toujours une part de mystère. L’Évangile devient très palpable, fait tomber les murs et nous fait former une famille spirituelle. Ces rencontres deviennent vitales pour pouvoir continuer, chacun.e, dans sa vie ». (M. Schlick, 2023)